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2) le quotidien


Dans l'architecture du quotidien il s'agit de repérer les 20% d’opérations qui reviennent 80% du temps dans le travail, et de choisir les méthodes et les outils qui les optimisent. On peut distinguer trois grandes voies :

  1. dans le dessin : les compositions basées sur les obliques et les courbes en architecture sont toujours complexes à maîtriser, et somme toute assez rares dans le quotidien ; on privilégiera dans cette partie les compositions orthogonales, omniprésentes, qui offrent de grandes facilités de représentation, de relations d’échelle, de combinaisons, de modularité, voire de trame ;
  2. dans l'écrit : le descriptif classique par lots séparés est un document volumineux et complexe à construire et à maintenir ; pour l’architecture du quotidien, on privilégiera l’utilisation de petites listes d’ouvrages TCE, évolutives, à géométrie variable, à échelle humaine ;
  3. dans la culture des outils libres : la structuration et la communication des informations entre tous les intervenants d’un projet architectural est un travail complexe, qui semble induire inévitablement l’utilisation d’outils informatiques en réseau, lourds, verrouillés ; pour l’architecture du quotidien, on privilégiera l’usage des outils libres trouvés sur internet, outils ouverts produisant des informations contrôlables et pérennes, des fichiers à échelle humaine.

Dans tous les cas, le travail pourra être exécuté indifféremment sur machine ET à la main, l’ordinateur fermé, un crayon, du papier, la main habile et l’esprit clair...

2.1) le dessin

Avant les outils numériques, il suffisait de préciser l'échelle d'un document pour définir de façon implicite son niveau de définition : un plan au 1/200 et un plan au 1/20 ne pouvaient être dessinés avec le même niveau de détails, et la taille du crayon (ou du rotring) en définissait la mesure, il est impossible de dessiner l'épaisseur d'une plinthe dans un plan au 1/200 ! Avec la venue des outils numériques, cette contrainte étant levée, on a pu croire qu'il était possible de dessiner sans plus se préoccuper de l'échelle. C'est effectivement possible, et tout un champ de nouvelles (non standard) architectures vont pouvoir ainsi émerger. Mais c'est aussi oublier un peu vite vingt siècles de culture architecturale et toute un langage graphique qui accompagne la conception architecturale et sa transmission. On aura l'occasion d'en reparler ... et dans l'attente il n'est pas interdit de tenter une approche (parmi d'autres) pour retranscrire (une partie de) cette culture dans le nouveaux outils numériques.

La méthode utilisée est simple, applicable au dessin orthogonal à main levée sur timbre poste, sur placoplâtre ou sur écran, avec le système impérial venant au secours du système métrique. Pour le dessin, par exemple, on travaille avec une hiérarchie de règles allant du gros grain au grain fin. Grâce à ce guide, on retrouve les gestes du dessin à main levée, et on utilise donc le micro dès le début de la conception. Y compris l’esquisse !

Quelques précisions :

Les exemples suivants illustrent le caractère progressif de la méthode : une maison à collioure, une autre à nyls et un projet de chalet aux angles.


Question 1: Comment travailler sur la trame de 30 avec des éléments qui ne la respectent pas ou dans un contexte existant qui n'en a rien à faire ?

  • Réponse : je vous remercie de me poser cette question :) :) :) .... qui me donne l'occasion de vous faire remarquer qu'il ne s'agit pas du tout de travailler sur la trame de 30 ! En fait, on commence la conception en choisissant la "contrainte" la plus appropriée (30cm souvent mais aussi 90cm ou 120cm, ...) ; on respecte la contrainte autant que possible, puis on la relache en descendant par exemple à 15cm (on n'est plus sur une trame de 30), on peut alors dessiner des hauteurs d'assise (45cm) et de table (75) sur cette base, puis on descend encore, par exemple jusqu'à 25mm, valeur avec laquelle on représente assez proprement une cloison légère (75mm pour 72mm) ou une fenêtre en plan et en coupe avec son chassis ouvrant (75/50mm) en applique sur son dormant (50/100mm). Il faut simplement s'assurer de la compatibilité entre les différentes valeurs : choisir la valeur de 1cm n'est pas une bonne idée, car 3cm n'est pas dans la suite des compositions possibles (on ne retrouve pas 25mm) et on aura alors intérêt à utiliser la valeur de 5mm. Et puis notez bien que au final, les dimensions du bâtiment sont aussi proches que nécessaire des dimensions réelles des ouvrages et du contexte. Par exemple si le terrain fait 25 mètres de long, le bâtiment aura été composé par exemple sur 27 modules de 90 (24,30m) + 2 épaisseurs de 30cm (24,90) + 2 joints de 5cm.

Question 2 : Et quel est le rapport avec l'utilisation de l'outil informatique ?

  • Cette méthode permet une grande économie d'utilisation du clavier (factorisation des entrées numériques) et un dessin "à main levée", guidé par la contrainte choisie dans une hiérarchie de "grains emboités". On retrouve l'aise du dessin à main levée dans l'usage des outils numériques.

Question 3 : J'y comprends rien, pouvez-vous être plus précis ?

  • J'essaie de l'être dans ce texte : transfert et cette illustration : echelles. Comprenez-vous mieux maintenant ?

2.2) l'écrit

Faire une maquette 3D du projet, dessiner des plans et des coupes, c’est nécessaire mais pas suffisant, il faut également écrire le projet, quantifier les ouvrages, on peut redécouvrir le DQE en construisant progressivement une liste articulée autour du concept d’ouvrage “tous corps d’état”, en faire un véritable outil de conception architecturale et, cerise sur le gâteau, maîtriser les coûts condition “indispensable” à l’aboutissement du projet: la chose construite !


2.3) les outils libres

Comme les processeurs RISC, l’informatique est faite de choses simples:

Il n’est pas si évident de structurer un ensemble d’informations et de les rendre facilement accessibles à un groupe particulier, en assurant l’intégrité des données, leur sécurité, voire leur confidentialité. La tâche est encore plus difficile quand ces informations sont en devenir, comme c’est le cas dans la phase de conception et de production architecturales. S’il est tentant de rechercher des solutions propriétaires adaptées au contexte “agence d’architecture”, susceptibles probablement d’optimiser les réponses, il n’est peut-être pas inutile de rechercher dans l’existant des outils génériques, fruits d’un travail collectif, libres de droits, ouverts à toutes les évolutions, sans zones d’ombre. Tous ces outils existent sur Internet.

2.3.1) internet

Internet existe, on trouve :

En fait, tous les outils libres existent pour créer de l’information multimédia, la publier, la maintenir, la partager. Ces outils supposent qu’on les connaisse, bien sûr, mais avant tout qu’on s’imprègne de cette nouvelle culture de l’échange qu’ils sous-tendent. On peut utiliser les interfaces de son choix pour entrer et structurer ses données, mais il faut absolument que ces informations puissent être conservées intactes sous une forme indépendante de l’interface, la forme plus courante étant le texte balisé dont le format HTML (hyper text markup language) est l’exemple le plus répandu, et le XML (extended markup language) l’évolution la plus prometteuse.

2.3.2) openoffice

La suite bureautique libre OpenOffice comprend un ensemble de modules permettant de créer et d’éditer du texte structuré (WRITER), des tableaux de calcul (CALC), des présentations interactives (IMPRESS), des dessins vectoriels (DRAW), des pages web (WEB). Et ceci aussi bien que la suite Microsoft Office (Word, Excel, PowerPoint) avec trois avantages essentiels : le premier est que les fichiers produits sont nativement au format libre XML (en réalité compressés au format ZIP, tout aussi libre) ; le second est que cet interface (ce logiciel de création et d’édition interactif) est construit sur un code public qui ne laisse aucune zone d’ombre qui pourrait rendre captives les données créées et leur structure ; et le troisième avantage est que ce logiciel est gratuit, sous licence GPL ...

2.3.3) linux

En atteignant l'age mur l'informatique a découvert la liberté. Il existe maintenant des systèmes d’exploitation libres (dont Linux est le plus connu), équipés d'une panoplie d’outils libres (The Gimp, Sodipodi, Blender 3D, Mozilla, Apache, et bien d’autres ...). On pénètre dans une nouvelle ère de l’informatique, pleine de promesses. Attendons encore un peu un outil de DAO comparable aux standards (propriétaires) du moment, et nous disposerons de tout ce qui est nécessaire pour produire de l’architecture et la partager en toute liberté, loin des usines à gaz et de leurs marchés captifs, avec tous les éléments pour maîtriser les outils intelligemment et comprendre la formidable unité qui est à la base de l’informatique, la richesse de ses concepts fondamentaux, la puissance d’un simple “texte balisé”.

Sous les images se trouvent les mots !