hmonp
Après avoir rappelé les principes et le contenu de mon intervention, je dis pour quelles raisons, suite à l'enseignement dispensé en 2008, je ne souhaite plus continuer à enseigner en HMONP !
A) rappels sur l'intervention
L'intervention porte sur les modules 5 « Economie » et 6 « Gestion de projet - Travaux de chantier - Responsabilité professionnelle »
1) module 5 « Economie »
Le Module 5 « Gestion de projet - Economie » traite les points suivants :
Durant toute les phases du projet, puis de sa réalisation, l’architecte est confronté à ses obligations en termes d’économie, de financement, de durabilité, de faisabilité… Il a la responsabilité de la synthèse de toutes les contraintes qui entourent le projet. Il doit en assurer l’orchestration générale. Il s'intéresse plus particulièrement :
- au développement durable
- à la gestion du Projet - Economie
- aux marchés de travaux
- à l'analyse des pièces contractuelles
- au suivi financier
2) module 6 « Chantier - Responsabilité »
Le Module 6 « Gestion de projet - Travaux de chantier - Responsabilité professionnelle » traite les points suivants :
Au cours de la phase chantier, l’architecte confronte son projet d’architecture à la réalité de la construction. Il y a un vrai dialogue entre le projet d’architecture et la réalisation du bâtiment censé en être la reproduction. Le rôle de l’architecte prend alors tout son sens au moment de la réalisation de son oeuvre. A l’activité professionnelle de chacun s’attache une série de responsabilités destinée à garantir la bonne exécution de l’oeuvre et à rechercher les responsabilités en cas de désordre. Il s'intéresse plus particulièrement :
- à la direction de travaux et suivi d’opérations,
- à la réception et au parfait achèvement,
- aux assurances et responsabilités professionnelles,
- à la gestion des sinistres,
- à la prévention des sinistres.
intervention d'alain marty
Le cours comprend 5 parties :
1) démarche de l'architecte
Je rappelle la démarche de l'architecte :
- a) dessiner le projet,
- b) décrire le projet,
- c) construire le projet.
et j'insiste sur l'importance de la description écrite et quantifiée dans la conception même du projet architectural.
2) schéma de mission
Je présente un schéma de mission qui ne s'embarrasse pas de sigles abscons, qui permet de définir les niveaux de résolution de la description, et qui met en lumière trois étapes : description des ouvrages, éclatement en taches et gestion des différences.
3) liste systématique des ouvrages
Je présente une approche systématique de la description du projet TCE qui assure la continuité totale entre les premières approches de budget au stade de l'esquisse et la livraison du bêtiment. Le système de liste systématique des ouvrages du bâtiment date des années 60/70 (GAMSAU, UNTEC, ...) et est basé sur la logique des ouvrages (ou des fonctions, par exemple le Clos et le Couvert). Décrire un bâtiment par corps d'états est illogique et conduit à un plat de nouilles rempli d'interactions complexes entre intervenants aléatoires difficiles à gérer (écrire un avenant est une purge). Seul problème non négligeable de ce type de description : la structure de liste par ouvrages doit être modifiée pour s'adapter à la "non" structure de liste pas lots afin de générer les marchés pour chaque lot (CCAP/CCTP/DQE par lot). Donc elle n'est utilisée qu'exceptionnellement ou pas du tout ! C'est ici qu'intervient la méthode proposée : en réfléchissant un peu et en utilisant quelques outils simples du tableur la transformation entre la description par ouvrages et la description par lots devient un jeu d'enfant et voilà !
4) un exercice d'application
Je propose une démonstration en temps réel sur un bâtiment assez simple (cf pages 3D/2D/1D accessibles depuis la page accueil) pour être modélisé en 3 heures, dessiné en 3 heures et décrit en 3 heures. Dans le temps qui m'est donné ici je ne ferai qu'une plongée rapide dans la description (DQE) des murs et des planchers (par exemple).
5) le DQE complet d'une maison
Je fournis une liste d'ouvrages complète d'une maison contemporaine relativement importante : NYLS permettant de produire les budgets, marchés, situations, propositions de paiement, décomptes définitifs par lots. Cette liste est disponible sous la forme d'une archive zip de 215 ko contenant deux fichiers au format openoffice : DQE.ods et MARCHE.ods
conclusion
De cette façon j'ai le sentiment que je peux apporter une contribution utile dans cet enseignement HMO. Un éclairage particulier sur les imbrications complexes des missions répondant aux doux noms de DET, AOR ou autres. ET aussi un outil immédiatement utilisable au moins dans des opérations privées.
Pour information, j'utilise cette méthode essentiellement dans mon domaine d'intervention (la maison individuelle et la rénovation), mais j'ai également utilisé cette approche dans la réalisation de plusieurs bâtiments relativement importants :
- un ensemble collectif HLM/FPA (20 logements et 60 studios) à Vernet les bains (PO), en collaboration avec Robert Loeillet, architecte à Vernet les Bians et avec un métreur travaillant sur cette base,
- une salle polyvalente de 500 m2 à Amélie les Bains (PO)
- un immeuble de bureaux de 1000 m2 à Perpignan
B) intervention en 2008
Tout d'abord pour mémoire, en 2007, à l'occasion d'une conversation téléphonique avec Jacques Rigal, j'avais noté que ce technicien de l'économie intervenant à l'école en HMONP utilisait également en interne une liste d'ouvrages ... mais qu'il ne pouvait pas l'exploiter plus avant à cause de cette habittude qu'ont les architectes de toujours attendre une description par lots.
Mon intervention prévue en deux temps de 4 heures le Vendredi 17 Mai et le Jeudi 18 Juin s'est en fait déroulée le Vendredi 16 Mai de 9h à 12h et de 13h à 18h, ce qui aura eu le mérite d'assurer une meilleure continuité entre une introduction "relativement" théorique et les outils dérivés directement utilisables que je mets à disposition. Cette journée appelle de ma part les observations suivantes :
- J'apprends tout d'abord que Jacques Rigal, technicien de l'économie intervenant dans cet enseignement (cf notes 2007), a déclaré le Jeudi précédent mon intervention que - je cite ce qui m'a été reporté - «ce que vous présente Alain Marty n'a qu'un intérêt limité aux phases APS ; c'est dépassé et au-delà d'autres méthodes sont plus appropriées ...». Il me semble noter un léger décalage entre les points de vue qu'avait cet éminent personnage en 2007 et en 2008. Je ne peux que regretter ce type de comportement de dénigrement qui le met au même rang que ces #@! d'architectes qu'il critiquait en 2007. Ce qui me dérange le plus dans cette affaire c'est le désarroi dans lequel ce type de situation peut mettre les étudiants, encore fragiles dans ce domaine et qui auront du mal à se faire un jugement.
- Je prends note ensuite de quelques critiques, plus préoccupantes pour moi, faites par "quelques étudiants" sur ce cours de 8h en amphithéâtre :
- 1) trop de temps passé à rappeler les principes
- 2) rappels inutiles sur quelques concepts informatiques, hors sujet ici
- 3) rappels inutiles sur la trame de 30, hors sujet ici
- 4) rappels inutiles sur le tableur Excel
- 5) outils inutilisables dans les agences où nous sommes en MSP
Il est important que je réagisse à ces critiques et que j'en tire ensuite les conclusions qui s'imposent.
- 1) trop de temps passé à rappeler les principes
La question traitée est complexe, gérer la description écrite et quantifiée d'un projet est un travail de longue haleine, et les outils que je propose exigent des fondations parfaitement positionnées et définies. Les outils "opérationnels" proposés en deuxième partie de journée ne peuvent être utilisés convenablement que si les fondations sont assurées. Avant d'élever les murs on creuse la terre, ce n'est pas du temps perdu, surtout au regard des connaissances qu'ont les étudiants sur le sujet, voisines du zéro absolu, au moins pour la moitié de l'auditoire ! Ce n'est pas faute d'avoir insisté sur le sujet dans les fenêtres étroites (appelées cours d'informatique) qui me sont données dans cette école.
- 2) rappels inutiles sur quelques concepts informatiques, hors sujet ici
Poser quelques questions sur le ton de la plaisanterie sur le nombre de bits contenus dans un octet et sur le codage du nombre des colonnes d'un tableur, c'est donc perçu comme un cours sur l'informatique ? Et quand bien même, ne pas avoir une seule réponse correcte à ces questions élémentaires relevant d'un minimum de culture en informatique, est-ce acceptable pour des étudiants en BAC+6 d'une école prétendant être "Nationale Supérieure" ? Est-ce le stress de se voir dans une nasse après cinq années passées à concevoir dans les hautes sphères de l'architecture et de constater qu'on est infoutu de passer à l'acte dans la réalité de la production architecturale ?
- 3) rappels inutiles sur la trame de 30, hors sujet ici
Quand il s'agit d'entrer dans le détail des quantités, de calculer la surface d'un mur de forme un peu complexe ou le linéaire de solives d'un plancher, on est bien aise de retrouver des dimensions "qui parlent" et qui soientfaciles à mémoriser et à manipuler. Voilà la raison du rappel de la trame de 30 qui s'avère aussi utile pour le DQE que pour le dessin, de l'esquisse jusqu'aux détails. Le jour où l'on a compris ce que contient vraiment cette approche puissante on peut enfin sortir de cette espèce de condescendance légèrement méprisante assez souvent manifestée par les ... ignorants. Si ma propre expérience d'architecte ne parait pas suffisante, discutez-en donc avec d'autres architectes comme Jean-Luc Lauriol, Nicolas Crégut, et d'autres encore comme Alberto Campo Baeza, qui y voient un formidable outil d'aide à la conception et à la composition des espaces. La trame de 30 est une auberge espagnole où l'on ne trouve que ce que l'on y apporte. C'est sans doute la raison qui fait que certains peuvent rester sur leur faim !
- 4) rappels inutiles sur le tableur Excel
Le tableau DQE tous corps d'état que je fournis est une feuille de calcul complète et assez complexe ; ce tableau comprend de nombreuses colonnes et plus de 700 lignes et utilise quelques fonctions peu évidentes pour extraire le budget, les situations de travaux et les propositions de paiement. Pour entrer dans sa logique et comprendre sa structure, il est nécessaire de partir d'une feuille blanche, progressivement enrichie dans le cadre limité du temps imparti. Que faire donc quand la moitié environ de l'auditoire (interrogé sur ce point) n'a jamais manipulé un tableur plus de trois minutes, que faire si ce n'est, le plus brièvement possible, faire quelques manipulations sur les fonctions de base ? Est-ce donc si déraisonnable et hors sujet de passer une petite demi-heure (sur un total de 8 heures) sur les fonctions d'un outil aussi fondamental ? Et ceux qui croient le connaître ne peuvent-ils donc pas manifester un peu de patience ?
- 5) outils inutilisables dans les agences où nous sommes en MSP
... mais il est bien sûr que ces outils sont "a priori" inutilisables dans les agences où vous êtes, chers jeunes confrères ! Aussi immédiatement inutilisables que vous, vous qui vous trouvez aujourd'hui dans l'impossibilité de remplir le carnet de suivi concernant les phases de DQE et de chantier. Ce n'est ni votre faute ni la mienne, c'est la conséquence logique du choix fait par l'école (et par d'autres écoles d'architecture en France) de ne pas vous enseigner ces connaissances AVANT de vous "balancer" en MSP. Sur ce point, j'ai au moins fait ce que j'ai pu (notamment au CA (cf projet CA), malheureusement sans aucun résultat.
Il me semble également avoir été très clair sur les outils que je vous proposais, des outils immédiatement opérationnels sur des opérations de petite importance, celles que vous allez avoir à traiter dès votre installation, et pourquoi pas dès aujourd'hui dans les agences où vous vous trouvez. Faire état de votre capacité à traiter efficacement une petite opération pourrait certainement amener vos maîtres de stage à reconsidérer votre intervention, vous permettre par ce biais de remplir une partie du carnet de suivi et de vous rapprocher plus rapidement de votre entrée réelle dans la maitrise d'oeuvre.
C) conclusion
Si à la fin de ces 8 heures en HMONP, après toutes ces années passées à distiller dans les fenêtres étroites (appelées cours d'informatique) une approche et une méthode de projet simple, lisible et opérationnelle, le message n'est pas passé, si je n'ai pas su aider les étudiants à lever le voile de ce domaine de la production de l'architecte, les aider à voir dans cette méthode un outil d'aide à la conception de l'esquisse jusqu'à la réception des travaux, eh bien je me vois contraint d'en tirer les conclusions qui s'imposent :
D'une part, je note donc qu'il est trop tôt pour en parler au début de la formation, que ce n'est jamais le moment entre les multiples rendus qui monopolisaient toute l'énergie des étudiants et tout leur temps, et que ce n'est toujours pas le moment à la fin de la formation. A quelques rares exceptions près, je note que la présentation de cette approche laisse l'auditoire dans un grand silence sans suite. On plie les affaires et on s'en va !
D'autre part, je ne relève dans les instance de l'école chargées de définir l'enseignement de l'architecture, aucune écoute ni aucun relais pour un sujet qui est considéré comme ne relevant pas de la conception en architecture et qui est donc repoussé au delà de la formation initiale, dans le grand sac de la HMONP. Les étudiants et les enseignants ont d'autres soucis, d'autres ambitions, et peu de temps à perdre à des occupations considérées comme subalternes. C'est évident !
Pour toutes ces raisons j'estime préférable de ne plus perdre mon temps à vous faire perdre le votre et de tirer définitivement un trait sur cet essai manqué.
alain marty, le 20/05/2008
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