une maison à nyls
Certaines photos sont l'oeuvre d'Alex Mayans.
D'autres informations ici.
Une planche récapitulative présentée au "Prix de l'architecture Languedoc-Roussillon" ici (1 Mo). Ce projet a été retenu dans une première sélection de vingts projets. Il y aura cinq mentions et trois lauréats. Le résultat sera connu en Octobre.
Vous avez dit CONTEMPORAIN ?
lettre à l’attention de Michèle Orliac, Directrice du CAUE des PO
CONTEXTE
Pour la première fois à ma connaissance dans ce département, le règlement d’un lotissement autorisait une tentative contemporaine en architecture. Le bâtiment proposé est conçu sur la base d’un principe simple que je me suis donné :
- travailler dans l’esprit des anciens,
- et travailler dans l’esprit des anciens, ce n’est pas copier leur style (leurs solutions techniques de l’époque), c’est tenter d’être aussi contemporain de notre époque qu’ils l’ont été de la leur....
Mon objectif était donc de ne tomber ni dans le piège du pastiche de l’architecture ancienne qui ne peut faire au mieux qu’illusion, ni dans un modernisme compliqué, agressif et ignorant son environnement. Le principe suivi a été de rechercher la simplicité des formes et de l’usage des matériaux comme l’auraient probablement fait les constructeurs anciens confrontés au même problème.
FORMES
Le bâtiment projeté est un assemblage sur un plan en “L” de cubes élémentaires de 360x360; il est bas (hauteur 5,70m), les façades au Nord-Est et Nord-Ouest sont très fermées, les ouvertures sont concentrées sur les deux autres, donnant sur des terrasses en L protégées du soleil par des poutres prolongeant les murs et supportant des caillebotis bois, et protégées du vent par des volets coulissants en bois prolongeant au besoin le bâtiment. Des murs coupe-vents situés en avant-corps du bâtiment remplacent avantageusement les clôtures sur rue, et accompagnent le visiteur. La piscine de forme carrée s’inscrit simplement dans la terrasse en L.
MATERIAUX
Le matériau est unique, simple et local (enduit gros rustique, couleur gris chaud), les châssis vitrés sont en aluminium laqué blanc et les grands volets coulissants à lamelles orientables sont en bois naturel teinte claire. Les toitures forment la “cinquième façade” décrite par Le Corbusier et sont en terrasses accessibles recouvertes de carreaux de gravillons lavés, les garde-corps sont en gros profilés métalliques en accord avec les clôtures, et en attente des futures vignes vierges qui vont envahir la façade donnant sur les vignes voisines et au loin sur le Canigou....
HISTOIRE D’ARCHITECTE
Installé depuis 1973 dans ce pays, et ayant choisi d’intervenir essentiellement dans le domaine de l’habitat individuel, j’ai été constamment confronté à des règlements de lotissement imposant les couvertures en tuiles canal à 33% et de ce fait une volumétrie déclarée typique de la région, volumétrie pas forcément incompatible avec les principes de l’architecture contemporaine, mais volumétrie très contraignante pour celui qui admire les oeuvres des Coderch, des Tadao Ando, des Claudio Silvestrin ou John Pawson, et autres maîtres en architecture. A l’occasion de ce projet, il m’a enfin été donné l’occasion de sortir du carcan pesant des pentes à 33% et d’explorer modestement d’autres formes, réalisant 25 ans après ce qui aurait pu être l’une de mes premières oeuvres de jeune architecte.
Ne rêvons pas, ceci est une expérience unique qui a peu de chances de se renouveler. Ce genre de “règlement permissif” est absolument exceptionnel ! D'ailleurs j'ai appris que les voisins avaient porté plainte probablement pour insulte au bon goût ; heureusement le permis était inattaquable. Mais au delà de cette expérience, j'ai bien compris que tout le monde se fout de l’architecture contemporaine dans les lotissements dans ce département. Jusqu’à en dégoûter les plus fervents défenseurs. N’en parlons donc plus.
Alain Marty le 3 Mars 2001