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Trouvé sur le BatiWeb du 30/01/2006 :

L'ancêtre des architectes : Vitruve

ou 'en quoi consiste l'architecture'

Le seul traité d'architecture qui nous soit parvenu de l'antiquité est celui de Vitruve, l'architecte de Jules César, architecte romain du 1er siècle av JC. L'imprimerie va permettre au 16éme siècle sa diffusion. Imprimé en latin dès 1486 à Rome, sans dessins, il est illustré par Fra Giocondo en 1551, traduit en français par Jean Martin et illustré en partie par Jean Goujon en 1547.

Vitruve est la référence incontournable pour la réflexion et la pratique architecturale de la Renaissance jusqu'à la période classique-baroque, époque à laquelle tout en ne cessant de clamer leur fidélité à l'esprit du texte original, certains traducteurs-commentateurs vont s'écarter des interprétations admises jusque là. C'est le cas de Perrault comme nous l'avons vu rapidement au travers de son différent avec Blondel, Perrault dont la traduction va favoriser à la fois une large diffusion du texte antique et la lecture "moderne" qu'il en fait.

Selon Vitruve, l'architecture, cette "science qui s'aquiert par la pratique et la théorie", exige toute une palette de compétences et de connaissances. Outre l'ingéniosité et le goût du travail, l'architecte doit avoir "de la facilité pour la rédaction, de l'habileté pour le dessin, des connaissances en géométrie ; il doit avoir quelque teinture de l'optique, posséder à fond l'arithmétique, être versé dans l'histoire, s'être livré avec attention à l'étude de la philosophie, connaître la musique, n'être point étranger à la médecine, à la jurisprudence, être au courant de la science astronomique qui nous initie aux mouvements du ciel".

"La géométrie offre plusieurs ressources à l'architecte : elle le familiarise avec la régle et le compas, qui lui servent surtout à déterminer l'emplacement des édifices, et des alignements à l'équerre, au niveau et au cordeau... A l'aide de l'arithmétique, on fait le total des dépenses, on simplifie le calcul des mesures, on règle les proportions qu'il est difficile de trouver par les procédés que fournit la géométrie".

La musique est elle aussi indispensable : "afin que l'on saisisse bien la proportion canonique et mathématique et que l'on tende convenablement les balistes...", un même son garantissant une même tension des cordes à boyau nécessaire pour lancer les projectiles bien "droit". "La musique est encore nécessaire pour les théâtres où des vases d'airain sont placés dans des cellules pratiquées sous les degrés.

Les sons différents qu'ils rendent, réglés d'après les proportions mathématiques, selon les lois de la symphonie ou accord musical, répondent, dans leur division exacte, à la quarte, à la quinte et à l'octave, afin que la voix de l'acteur, concordant avec la disposition de ces vases, et graduellemnt augmentée en venant les frapper, arrive plus claire et plus douce à l'oreille du spectateur".

En quoi consiste l'architecture ?

Elle a pour objet : l'ordonnance, la disposition, l'eurythmie engendrée par la "symmetria" ou proportion, la convenance et la distribution.

Dans le premier chapitre de son troisième livre intitulé "De l'ordonnance du bastiment des temples, et de leurs proportions avec la mesure du corps humain", Vitruve précise sa pensée : "Pour bien ordonner un Edifice il faut avoir égard à la Proportion (Symmetria) qui est une chose que les Architectes doivent sur tout observer exactement. Or la Proportion dépend du rapport (proportio) que les Grecs appellent Analogie. Car rapport est la convenance de mesure (commodulation) qui se trouve entre une certaine partie des membres & le reste de tout le corps de l'ouvrage, par laquelle toutes les proporions sont réglées. Car jamais un bastiment ne pourra estre bien ordonné s'il n'a cette proportion ce rapport, si toutes les parties ne sont à l'égard les unes des autres ce que celles du corps d'un homme bien formé sont, estant comparées ensemble"

On peut s'étonner que Vitruve propose ainsi comme modèle de proportion le corps de l'homme. Mais pour Platon, L'homme, partie intégrante de ce monde ordonné, est un élément en réduction de ce cosmos, un microcosme. Les proportions de son corps sont une des manifestations de cette mise en symétrie de l'ordre cosmique, de son harmonie.

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